
Alors que l’humidité de l’orage nocturne flotte encore dans l’atmosphère, à l’heure où le banlieusard prend sa bagnole, pour aller chercher de quoi payer les factures, on cherche à deviner dans le noir la couleur du ciel.
Et les lapins dorment encore.
La nature faconde peine à s’éveillé, et le jour tarde à poindre encore enseveli par la courbure de la terre et les nuées qui obscurcissent le ciel, et même les étoiles sont effacées de l’éther. On est éveillé, sortant du sommeil et des bras de Morphée, pour décliner en une prose qui laisse à désirer ce que l’on a pas vu, ce que l’on ne voit pas.
Pendant que les lapins dorment encore.
Le grondement des files de voitures endormies, transportant leur charge fantomatique à moitié dans le coltard, roule dans l’obscurité que même les phares n’arrivent pas à percer. On écoute les infos, de la musique, on cherche à rester éveillé et à sortir de la torpeur d’un sommeil trop court quand il faut se lever pour aller quérir quelques sous, chichement distribués par la noblesse patronale, comme autant d’oboles quémandés sur les parvis.
Et nous, qui n’avons d’autres raisons de nous lever que pour assister au lever du jour, on cherche à se souvenir cette lassitude endormie, du goût du café amer dans la bouche, en jouant malicieusement avec les mots.
Alors que les lapins dorment encore.
Mais quel rapport donc se cache entre la rêverie d’un sommeil qui veut fermer les yeux, rejoindre au plus vite les bras de la muse ensommeillée, la course futile de ceux qui espèrent partir tôt pour éviter les bouchons matinaux, la poésie au rabais d’un esprit qui peine à sortir de la torpeur ?
Pendant que les lapins dorment encore.
Quel autre jour naitra, après les roulements de tonnerre, les éclats flamboyants de la foudre qui courent jusqu’à la terre, la pluie qui frappe rageusement contre les vitres et sur les toits qui ont précédés cette quiétude à peine rompue par le bruit étouffé des voitures ? Que devenons-nous, après l’orage, en ce moment fugace où la nature reprend son souffle après avoir tempêté toute la nuit ? Quel autre homme nait, éclos tel un papillon sorti de sa chrysalide de verre, quand le ciel à lavé la terre de sa poussière ?
Alors que les lapins dorment encore.
La métaphysique des hautes sphères de la fonction cognitive supérieure, pour reprendre l’heureux mot de personne puisque l’on vient de déposer le copyright, nous submerge et envahit nos dernières, ou les premières, pensées cohérentes, nous pose questions et altérations des perceptions sensorielles, existentielles et autre parallélépipèdes, parce qu’on trouve plus de mot en « elles », et que « poubelles » ça ne le fait pas vraiment.
Pendant que les lapins dorment encore.
Ami, si toi aussi tu te pose la question de savoir pourquoi les lapins, eux, dorment encore alors que toi tu es debout, éveillé, à lire sans réellement comprendre ces mots, ne nous mentons pas, alors nous sommes au moins trois. Toi, Le chat et Buck.
On cherche la raison de cette irraison, le pourquoi de cette question sans réponse, l’existence des frontières de l’univers en se demandant où va donc l’électricité, quand tu appuie sur le bouton pour éteindre la lumière qui te crève les yeux, en ressentant la turpitude de cette antienne qui nous hante tous : Pourquoi ?
Pourquoi sommes-nous donc debout alors que les lapins eux-mêmes… dorment encore ?
Salauds de lapins ! Garennes imbéciles et fainéants !
La réponse tient peut-être au fait, et peut-être est-ce là, la raison profonde de l’interrogation universelle, de table, qu’on aime pas les lapins.
Tout simplement.
Et puis c’est tout.
Buck Et Le Chat L'art de ne rien dire en ne disant rien, juste pour en faire des caisses.
Comments